Dans le cadre de ma formation m’a été demandé de résumer un article scientifique autour du thème de mon mémoire de fin d’étude (Promotion du bien-être à l’école au moyen du combat contre la violence scolaire, spécifiquement le harcèlement scolaire). Je me permets de faire partager mon résumé car je trouve que l’article de Claire de Saint Martin est très intéressant dans son raisonnement:
“Si les recherches scientifiques autour de la violence scolaire ne sont apparues en France qu’à partir des années 1990, on peut remarquer un grand intérêt à cette thématique dès les années 1970 dans les pays nordiques et anglo-saxons. Un constat va alors se présenter concernant toutes ces études sur la violence scolaire. En effet, quelque soit la recherche scientifique en question, celle-ci se démarque toujours dans sa dénomination de la violence scolaire en fonction de sa date de publication. Va apparaître la prédominance d’un type de violence selon la période qui marquera la représentation que se fait la société de la violence scolaire à un moment bien définit. L’article de Claire de Saint Martin « Nommer les violences scolaires. Des incivilités au harcèlement scolaire » paru dans la revue La lettre de l’enfance et de l’adolescence tente d’expliquer l’évolution de ces différentes dénominations « politiques » de violence scolaire. Une dénomination très individualisée selon l’auteur dont l’objectif est de mieux « évacuer la responsabilité institutionnelle » de l’école et des différents gouvernements qui se succèdent. Pour clarifier son raisonnement l’auteur va découper son écrit chronologiquement en commençant par les « incivilités » apparues en 1990, passant par les « micro-violences » des années 2000, pour finir avec le « school-bullying » d’aujourd’hui décrit en France comme du harcèlement. Les « incivilités » sont des violences mineures qui sont souvent impunies du fait de leur invisibilité. La solution des années 1990 à l’essor de la violence scolaire est donc de combattre ce type de violence pour éviter l’émergence de plus gros conflits. Des « incivilités » qui vont être rebaptisées dans les années 2000, par Eric Debarbieux, en « micro-violence ». Un terme différent pour un même concept. Debarbieux définit ces violences de « désordres et d’interactions quotidiennes à l’école qui se caractérisent par la répétitivité ». Cette idée de répétitivité va être reprise dans la dénomination actuelle qui est donnée aux violences scolaire : le harcèlement. Une première critique sur le manque de hiérarchisation dans la définition de la violence scolaire (en référence à Philippe Vienne) est alors donnée par Claire de Saint Martin. Effectivement, le harcèlement scolaire, qui peut être considéré comme une traduction peu subtile du school-bullying selon l’auteur, n’est qu’un type de violence scolaire parmi d’autre. Une centralisation qui est d’autant plus réductrice qu’une définition du school-bullying n’’existe pas réellement en raison de la complexité de ce type de violence qui est le fait de « pour un élève ou un groupe d’élève de porter une action négative envers un autre élève ». Un type de violence qui se base sur la malveillance répétée et consciente de l’agresseur. Ce nouveau concept réintroduit donc bien l’intentionnalité de l’acte de malveillance dans la définition donnée à la violence scolaire. Une définition bien éloignée de sa traduction française que serait le « harcèlement ». Claire de Saint Martin dénonce au travers de son analyse des définitions données à la violence scolaire au fil des années une trop grande caractérisation individualiste de la violence scolaire. Un reproche qui peut s’adresser d’ailleurs personnellement à Debarbieux inventeur de la méthode de victimisation c’est-à-dire travailler les faits de violences scolaire tels qu’ils sont perçus par les victimes de ces violences. Une orientation de recherche qui pour l’auteur n’est autre qu’une évacuation de toute responsabilité institutionnelle puisqu’il s’agit de centrer essentiellement la violence scolaire sur des faits et des comportements. Or la violence est une production sociale, « l’expression de contradictions et de dysfonctionnements de l’institution ». Une réduction de la violence scolaire à l’acte, comme le présuppose la dénomination de « harcèlement », consisterait donc à dramatiser la violence scolaire. Pour Claire de Saint Martin, une lutte de la violence scolaire passe donc d’abord par sa dénomination. Une dénomination de la violence scolaire dans son intégralité passant par un questionnement de l’institution scolaire elle-même.”
Voilà, je vous conseille vivement de lire cet article sur la dénomination des violences scolaires depuis 1990 qui résume bien les politiques d’actions concernant la violence à l’école.
Claire de Saint Martin, Nommer les violences scolaires.